Les frères Grimm, de la légende à la réalité
Indémodables, les frères Jacob et Wilhelm Grimm ont œuvré à l’élaboration des contes populaires de traditions orales et le dictionnaire allemand, Deutsches Wörterbuch. Vous les connaissez, au moins de nom, entre “Rapunzel”, “Blanche Neige” ou encore “Hansel & Gretel” ; ils ont enthousiasmé l’imagination de tout un chacun et essaimé au-delà de l’Europe, jusqu’au Japon même.
Ces œuvres sont sans cesse adaptées, voire revisitées, dans des productions cinématographiques, vidéoludiques ou littéraires. Encore aujourd’hui, les frères Grimm se mêlent facilement parmi les plus grands auteurs de livres distribués et attribués à la jeunesse. Mais même cette dernière phrase est sujette à caution, voire partiellement erronée, une parmi beaucoup d’autres dans la vie des deux frères dont on pense, à tort, tout connaître.
Les contes amassés par les frères Grimm sont bien souvent des sources écrites provenant de traditions orales. Cependant, il ne faut pas les imaginer déambulant joyeusement dans les pittoresques campagnes allemandes auprès de paysans illettrés, adeptes des histoires de mère-grand. Cette image est, dans le milieu scientifique, largement dépassée.
En 1807, les Grimm ont collationné des contes pour ensuite combiner les variantes de chaque histoire afin de construire, ce qu’ils considéraient, comme une forme idéale. Ce processus était appelé « contamination ». Initialement, les enfants n’étaient pas la première cible de leur projet de contes. D’ailleurs, après la publication du premier volume, des adultes, ayant lu les contes à des enfants, les avaient trouvés tout à fait inappropriés. Si l’angle et la finalité sont différentes, il existe une constante dans la protection de l’enfance.
Les Grimm ont pourtant insisté pour que les enfants les lisent comme une lecture de la Bible. Les nouvelles éditions, révisées principalement par Wilhelm, effaçaient les incohérences et mettaient en évidence des références aux valeurs chrétiennes ainsi que des germanismes. Mais en créant cette collection, l’idée de départ demeurait une anthologie académique et non pas comme une suite d’histoires à lire aux plus jeunes dans un but purement récréatif.
Rien n’étant fondamentalement créé ex nihilo, les frères Grimm les ont écrits dans un contexte politique perturbé par d’intenses guerres napoléoniennes (1803 – 1815) sur leur territoire. La France, en envahissant les contrées germaniques, a incité Jacob et Wilhelm à mettre en avant un héritage relatif à leur patrie en pleine (pré-)construction. Bien qu’à l’orée des États-nations modernes, l’Allemagne, avec ses contours géographiques bien ciselés, n’existait pas encore mais, de part l’intervention française, un sentiment national allait tout doucement prendre corps.
En outre, gorgés de romantisme (allemand), les Grimm étaient convaincus que l’esthétique et la culture étaient capables de rassembler une communauté à travers des histoires transmises de génération en génération. En 40 ans, sept éditions du recueil de contes populaires ont été publiés. De l’obscurité à la lumière, ces nouveaux contes de traditions orales avaient un but des plus nobles : empêcher, le pensaient-ils, une disparition pure et simple des mémoires collectives.
Nous avons déblayé en deux-trois coups de pelles quelques idées reçues. Le tombeau maintenant dépoussiéré, examinons maintenant tout cela en détail.
« Si vous voulez que vos enfants soient intelligents, lisez leur des contes de fées. Si vous voulez qu’ils soient encore plus intelligents, lisez-leur plus de contes de fées. » (Albert Einstein)
Linguistes et folkloristes
Jacob Grimm (1785-1863) et Wilhelm Grimm (1786-1859) étaient deux éminents érudits allemands du XIXe siècle. Sans diminuer l’importance du projet colossal de dictionnaire de la langue allemande, ils sont surtout connus pour leur contribution à la collecte et à la préservation des contes de fées et des légendes populaires dites d’extractions germaniques. Leur travail a eu une influence significative sur la littérature mondiale folklorique (sans aucune connotation péjorative moderne à cet égard) et à l’étude de la linguistique. Les deux n’étant pas antinomiques, voire se rejoignent et se complètent, nous y reviendrons.
Nés à Hanau, dans le Saint-Empire romain germanique, les deux bruder ont grandi dans un milieu familial cultivé. Jacob et Wilhelm étaient parmi les six enfants d’un avocat et fonctionnaire judiciaire. Leur père décéda alors qu’ils étaient encore jeunes, ce qui marqua leur vie et les influença dans la recherche d’une stabilité financière, en somme le pain quotidien de tout un chacun. Les frères Grimm ont d’abord étudié le droit à l’université de Marbourg, mais leur passion pour la langue et la culture allemandes les a rapidement amenés à se tourner vers des études plus littéraires. Fascinés par les traditions populaires de leur pays qui participent à un imaginaire collectif, ils ont commencé à collecter des contes et des récits traditionnels dans le but de préserver le patrimoine culturel allemand.
En 1812, les frères Grimm ont publié leur premier recueil de contes de fées intitulé “Kinder- und Hausmärchen” (Contes de l’enfance et du foyer), qui comprenait des histoires célèbres telles que “Blanche-Neige”, “Cendrillon” et “Le Petit Chaperon rouge”. Ce recueil est devenu l’un des livres les plus influents de tous les temps, qui a été traduit dans de nombreuses langues et qui a inspiré des adaptations littéraires, théâtrales et cinématographiques, et ce jusqu’à aujourd’hui encore.
Outre les contes de fées, les frères Grimm ont également collecté et publié des légendes, des chansons folkloriques et des poèmes. Fort de projets lexicographiques d’importance (cf. le dictionnaire Deutsches Wörterbuch), cet intérêt des études linguistiques a jeté les bases de l’analyse historique de la langue allemande. Ces nouveaux principes de rigueur méthodique ont contribué à établir les fondements de la discipline du folklore.
Les études des dialectes régionaux, l’analyse des racines des mots et des lois phonétiques et grammaticales n’ont pas été vain, loin de là. De l’histoire de la langue allemande, de son origine indo-européenne à son développement moderne. Tous ces éléments disparates ont mis en évidence les particularités régionales, les changements phonétiques et les variations lexicales. Outre les structures narratives, les contes de fées contiennent souvent des jeux de mots, des expressions idiomatiques et des tournures linguistiques spécifiques. En analysant ces aspects linguistiques pour mieux comprendre les subtilités du langage utilisé dans les contes, ils ont relevé les jeux de mots et les expressions régionales, montrant ainsi comment la langue était utilisée dans le contexte narratif du folklore.
Par autant de bienfaits, la renommée des frères Grimm a continué à croître au fil des ans, et les honneurs ont plu telle une journée de déluge dans le petit milieu scientifique du début du XIXe siècle. Jacob Grimm a occupé des postes universitaires prestigieux, tandis que son frère, Wilhelm, a travaillé comme bibliothécaire.
« Sapientia : nul pouvoir, un peu de savoir, un peu de sagesse, et le plus de saveur possible. » (Roland Barthes, Leçon)
Contamination et authenticité
Le processus de contamination, développé par les frères Grimm, est un concept qui fait référence à un phénomène linguistique dans lequel différentes formes linguistiques se mélangent et influencent mutuellement. Ce processus est particulièrement associé à l’étude des langues germaniques et à la reconstruction de leur évolution historique. En observant les langues germaniques, y compris l’allemand, le néerlandais, l’anglais et d’autres langues apparentées, des similitudes ont été remarquées dans leur structure et leur vocabulaire.
Ce faisant, ils ont cherché à comprendre comment elles étaient interconnectées. Cette gestation et circonvolution des contes jusqu’au langage même posent, de nos jours, des questions sans réponses. Les efforts déployés pour étudier l’histoire de la descendance des traditions narratives ont été compliqués par deux problèmes principaux. Premièrement, les contes ne sont pas seulement transmis “verticalement” des populations ancestrales à leurs descendants, mais se propagent également “horizontalement” entre les sociétés contemporaines par le biais du commerce, de la conquête et de la diffusion de textes littéraires, ce qui perturbe quelque peu les modèles concentriques d’héritage commun envisagés par les Grimm.
Néanmoins le concept de “contamination” est né de l’idée que les langues germaniques ont subi un processus de mélange, dans lequel des éléments linguistiques de différentes sources se sont influencés mutuellement. Par exemple, les frères Grimm ont remarqué que des mots et des formes grammaticales provenant de différentes langues germaniques étaient souvent combinés et utilisés de manière interchangeable dans certaines régions ou dans certains dialectes régionaux, des langues voisines et des emprunts à d’autres langues.
En utilisant des méthodes comparatives et des analyses détaillées, les frères Grimm ont pu retracer les origines et les transformations des mots, des formes grammaticales et des structures syntaxiques dans les langues germaniques. Leur travail a jeté les bases de la linguistique historique et a contribué à la compréhension de l’évolution des langues germaniques.
Cette grille de lecture met en évidence le fait que les langues ne se développent pas de manière isolée, mais sont influencées par des contacts avec d’autres langues et des facteurs sociaux, culturels et géographiques.
« Wilhelm Grimm a affirmé que les contes traditionnels allemands que lui et son frère Jacob avaient compilés étaient des vestiges d’une ancienne tradition culturelle indo-européenne qui s’étendait de la Scandinavie à l’Asie du Sud. » (Grimm W. 1884 Preface: in children’s and household tales, 3rd edn. George Bell. P.576)
La récolte des récits
Plus prosaïquement, les frères Jacob et Wilhelm Grimm étaient des universitaires et des linguistes passionnés par la préservation et l’étude des traditions populaires allemandes. Leur travail principal était de collecter, de classer et de publier des contes de fées, des légendes, des récits mythologiques et d’autres formes de folklore germanique. La tâche décrite en quelques mots semble titanesque, la manière de procéder en est pas moins fastidieuse, et elle le fût, loin des représentations hébétées que l’on peut encore se faire à ce sujet.
Pour collecter ces récits, les frères Grimm s’appuyaient sur un réseau d’informateurs locaux qui leur fournissaient des versions orales des contes et des légendes. Ces informateurs étaient souvent des personnes issues des communautés rurales, des domestiques, des amis ou des connaissances des frères Grimm. Ils étaient très soucieux de préserver l’authenticité des contes et de capturer les particularités dialectales et les nuances locales. Quant aux archives proprement dites, les renseignements accumulés aux Bibliothèque de l’Université de Göttingen et de Marbourg leur ont été d’une grande aide.
Une fois collectés, les contes étaient analysés, comparés et classés par les frères Grimm, qui cherchaient à identifier les motifs récurrents, les thèmes communs et les variations régionales. Leurs recherches ont abouti à la publication de “Kinder- und Hausmärchen” (Contes de l’enfance et du foyer), communément connu sous le nom de “Contes de Grimm”, en 1812 et 1815.
Il est important de noter qu’ils ont utilisé d’autres sources pour leurs travaux, notamment des manuscrits anciens, des archives, des études précédentes sur le folklore et des documents imprimés.
« Je suis convaincu que les histoires allemandes n’appartiennent pas uniquement aux parties nord et sud de notre patrie, mais qu’elles sont la propriété absolument commune des Néerlandais, des Anglais et des Scandinaves, qui sont presque apparentés. » (Grimm W. 1884 Preface: in children’s and household tales, 3rd edn.)
Des contes pour enfants ?
Les enfants n’étaient pas la première cible des frères Grimm dans leur projet initial de collecte et de publication de contes. Lorsqu’ils ont commencé à collecter les récits folkloriques, leur objectif principal était de préserver le patrimoine culturel allemand et d’explorer les racines de la langue et de la culture germaniques.
« Spieglein, Spieglein an der Wand, wer ist die Schönste im ganzen Land?” » (Schneewittchen und die sieben Zwerge) *

Préservation et christianisme
Les frères Grimm souhaitaient que leurs contes soient lus par les enfants comme une forme d’instruction morale, similaire à la lecture de la Bible. Ils pensaient que les contes pouvaient transmettre des leçons de vie, des valeurs et des idéaux chrétiens aux enfants. Ils accordaient une importance particulière à la moralité et à la vertu, et les contes étaient souvent utilisés comme véhicules pour enseigner des principes tels que l’honnêteté, la générosité, le courage et la persévérance.
Dans les éditions ultérieures des “Kinder- und Hausmärchen”, Wilhelm a fait des références explicites à la foi chrétienne, a supprimé certains éléments, des contradictions notamment et a mis en évidence les aspects germaniques et nationaux des contes, les rendant plus conformes à la culture et aux valeurs de leur époque.
Cependant, toutes les éditions révisées n’ont pas effacé les incohérences ou éliminé tous les éléments moins conformes à leur vision. Certains éléments fantastiques ou plus sombres des contes ont été conservés, bien que souvent réinterprétés ou révisés pour mieux correspondre à leurs convictions chrétiennes.
Un exemple concret d’introduction chrétienne dans un conte folklorique est celui du conte des “Trois Petits Hommes de la forêt” (Die drei Männlein im Walde). Dans la version originale du conte, il n’y a pas de références religieuses spécifiques. Elles ont été ajoutées a posteriori.
Dans cette version, lorsque les trois petits hommes offrent des récompenses à une jeune fille pour l’avoir aidée, l’un des petits hommes lui dit : “Moi, tu me diras ton nom, et quand l’année sera écoulée, je viendrai, et tu seras à moi.” Plus tard dans l’histoire, la jeune fille est confrontée à un homme hideux qui tente de l’épouser. L’homme la menace de la noyer si elle ne devine pas son nom avant la fin de l’année. A contrario, dans le conte, la jeune fille apprend le vrai nom de l’homme hideux grâce à une intervention divine. Elle entend des anges chanter le nom “Rumpelstiltskin” (qui est le nom traditionnel de l’histoire) dans son sommeil. C’est donc une allusion à une aide divine qui permet à la jeune fille de résoudre l’énigme et d’échapper à son prétendant maléfique.
Si leur objectif principal était de collecter et d’étudier les contes et les légendes de la tradition orale afin de préserver et de documenter la richesse du folklore allemand, ils considéraient ces contes comme des témoignages précieux de la culture populaire et des traditions transmises de génération en génération. Mais en créant cette collection, l’idée de départ demeurait une anthologie académique et non pas comme une suite d’histoires à lire aux plus jeunes dans un but récréatif.
« Les anciens hommes mettaient leur philosophie à peupler l’univers aussi ardemment que nous mîmes plus tard la nôtre à le vider de toute vie. Nos ancêtres s’accouplaient dans leurs ténèbres à toute énigme, et lui faisaient d’étranges enfants. » (Paul Valery, Petite lettre sur les mythes, Éditions Gallimard, 1930, pp. 226-230.)
Contexte politique
L’influence culturelle française en Allemagne, notamment à travers les guerres napoléoniennes et l’occupation française, a joué un rôle dans la prise de conscience de l’identité nationale allemande à l’époque des frères Grimm. Déminons le sujet : leur travail n’est exclusivement attribuable à l’influence française. Motivés par leur passion pour la préservation du patrimoine culturel allemand et la recherche linguistique, le projet de collecte et de publication des contes populaires n’était pas simplement une réponse à l’invasion française, mais une initiative visant à préserver et à valoriser la culture et les traditions allemandes qui, selon eux, étaient menacées de disparition.
L’influence française a certainement joué un rôle dans le contexte historique et culturel dans lequel les frères Grimm ont mené leurs recherches, mais il ne faut pas sous-estimer leur engagement initial sur la préservation de l’identité culturelle et géographique allemande. Si un sentiment national a émergé à cette époque, il est également important de noter que les frères Grimm ont été influencés par d’autres courants intellectuels et culturels de l’époque, tels que le romantisme, qui promouvait l’expression des sentiments nationaux et la valorisation des traditions populaires.
Leur travail s’inscrivait dans un mouvement plus large de redécouverte et de réappropriation de la culture nationale allemande, mais il était également guidé par leur intérêt scientifique et leur volonté de préserver le patrimoine culturel pour les générations futures. Gorgés de romantisme, les Grimm étaient convaincus que l’esthétique et la culture étaient capables de rassembler une communauté, à travers des histoires transmises de génération en génération.
Profondément influencés par le romantisme allemand de leur époque, ce mouvement mettait l’accent sur les émotions, l’imagination, la nature, l’histoire et la valorisation des traditions populaires. Dans cette perspective romantique, les frères Grimm croyaient en l’importance de l’esthétique et de la culture pour rassembler une communauté. Ils considéraient les contes de fées et les histoires transmises de génération en génération comme des moyens puissants de préserver l’identité culturelle, de transmettre des valeurs, de promouvoir l’imagination et de créer un sentiment de communauté.
Ils étaient ainsi convaincus que ces histoires populaires étaient une expression authentique de l’âme du peuple allemand et qu’elles pouvaient servir de lien entre les différentes couches sociales, les régions et les générations. Pour eux, ces récits oraux représentaient une forme d’expression culturelle pure et non altérée, qui était plus proche de la véritable essence du peuple que les œuvres littéraires produites par l’élite intellectuelle. En 40 ans, sept éditions du recueil de contes populaires ont été publiés. De l’obscurité à la lumière, ces nouveaux contes de traditions orales avaient un but qui soutenaient une armature idéologique importante : empêcher une disparition des mémoires.
« Napoléon, comme Alexandre et César, est donc un homme d’action : il n’est ni ce qu’il pense, ni ce qu’il cache, mais il est ce qu’il fait. » (Hegel dans son ouvrage, La Raison dans l’Histoire.)
Mémoire et oubli
Quand on parcourt le portail numérique de la bibliothèque Grimm, on peut aisément se prononcer sur la réussite de leur entreprise. L’oubli semble avoir été évité mais d’autres dangers cependant guette du fond du puits, et non pas un monstre quelconque, mais un spectre plus terrible encore se languit de leurs écrits, celui de la réécriture. Les frères Grimm ont publié sept éditions de leur recueil de contes populaires au cours d’une période de 40 ans. Ces éditions successives témoignent de leur engagement constant envers la préservation et la valorisation des traditions orales. Leur objectif principal était d’empêcher la disparition de ces récits en les documentant et en les diffusant à un public plus large.
Au départ, les contes populaires étaient considérés comme des récits obscurs et négligés de la culture populaire. Les Grimm ont perçu la valeur de ces histoires et ont entrepris de les rassembler, de les étudier et de les publier dans le but de préserver la richesse de la tradition orale allemande. Chaque nouvelle édition du recueil était une occasion pour les Grimm d’affiner leur travail, d’ajouter de nouveaux contes, d’enrichir les notes explicatives et de mettre en valeur l’importance de ces histoires dans la mémoire collective.
Véritable serpent de mer, la paternité des contes est sans cesse étudiée. Les contes populaires ont été principalement transmis par voie orale, et peu d’éléments permettent d’étudier leurs origines et leurs distributions historiques à l’aide des méthodes littéraires et historiques conventionnelles. Les frères Grimm estimaient que de nombreux contes populaires étaient susceptibles de remonter à des milliers d’années, seule une infime minorité d’entre eux peuvent être retracés avant l’émergence du conte de fées littéraire aux XVIe et XVIIe siècles. Cela a donné lieu à d’intenses débats sur l’ancienneté présumée des contes traditionnels, certains chercheurs affirmant que de nombreux contes de fées canoniques pourraient en fait être des inventions littéraires relativement récentes.
Ils ont passé de nombreuses années à collecter des contes de différentes régions d’Allemagne, à interroger des conteurs populaires et à consulter des sources écrites pour élargir leur recueil.Les frères Grimm ont consciemment travaillé à préserver les mémoires collectives et à empêcher la disparition des traditions orales. Ils ont contribué à la reconnaissance de la valeur culturelle et littéraire de ces contes, qui étaient auparavant considérés comme des récits simples destinés à divertir les enfants.
Leur travail a eu un impact significatif sur la préservation et la transmission des contes populaires dans le monde entier. Les contes des frères Grimm ont été traduits dans de nombreuses langues et sont devenus des classiques de la littérature pour enfants. Grâce à leurs efforts, ces histoires ont acquis une renommée internationale et sont aujourd’hui appréciées comme une part importante du patrimoine culturel mondial. Ainsi, les frères Grimm ont joué un rôle essentiel dans l’empêchement de la disparition des mémoires en documentant et en publiant ces contes de traditions orales, permettant ainsi leur transmission à travers les générations et préservant ainsi un héritage culturel précieux.
« Une certaine nostalgie s’attache aux choses qui disparaissent quand on les a aimées. » (Théodore Monod)
* Traduction : “Miroir, mon beau miroir, qui est la plus belle dans tout le pays ?” (Blanche-Neige)
Illustrations
Toutes les illustrations de l’article sont des créations originales (via MidJourney).
Pour en savoir plus
Pour lire quelques contes via la BNF/Gallica : c.bnf.fr/QoS
Fonds numérisés de la bibliothèque universitaire de Kassel : grimm-portal.de/viewer/index/
L’importance du conte dans le développement de l’enfant et les apprentissages de l’élève : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01917526/document