L’épée et le pinceau
Certains mystères se dérobent à notre regard, bien souvent occultés derrière la poussière et les haillons de l’implacable érosion du temps. A fortiori, il n’y avait pas plus à découvrir dans une petite église de Naples, et pourtant, un tableau était littéralement dissimulé sous une autre toile, et ce depuis des centaines d’années.
Cette œuvre a été découvert dans l’église San Giorgio Maggiore. Cachée pour des raisons encore obscures, l’œuvre représente saint Georges et le dragon, un thème qui n’est pas spécialement licencieux ou interdit. A l’inverse, le mystérieux peintre, Aniello Falcone, est une personnalité tourmentée qui mérite davantage d’attention.
Our Company
Fondateur de la « Compagnia della Morte », Aniello Falcone (1607 - 1656) a accueilli de nombreux artistes dans son atelier. Bien loin d'être bucolique, Naples était alors sous domination hispanique.
Connu pour ses représentations de scènes de bataille, Falcone aurait, dit-on, chercher à se venger de la mort d’un ami ou d’un neveu, selon les sources. Dès lors, son plan était de se débarrasser des Espagnols.
Trois peintres se distinguent à ses côtés : Micco Spadaro, Salvatore Rosa (cf. image) et Mattia Preti, l’un des plus illustres représentants de l’art pictural napolitain. Irascible, ce dernier a tué un critique d’art qui avait eu l’audace de ne pas apprécier ses œuvres.
Époque tourmentée, le royaume de Naples a souffert de la guerre, des famines, de la peste, des tremblements de terre et même d’une éruption volcanique. Incapable d’endiguer la colère, le vice-roi espagnol est débordé.
Ces conditions apocalyptiques ont amené à un soulèvement populaire en juillet 1647. Mené par un pêcheur devenu révolutionnaire – et soutenu par Falcone -, Tomaso Aniello d’Amalfi, dit Masaniello, prend le pouvoir.
Devenu maître absolu de Naples, il devient rapidement un tyran de bas étage et, en conséquence, les massacres s’accumulent dans les rues de Naples. Abandonné, Masaniello sera assassiné.
Lorsque Naples, après seulement deux ans de révolution, est revenu sous le règne des Espagnols, la « Compagnia della Morte » est dissoute, et Aniello Falcone s’éclipse du tumulte.