Petits secrets des peintres italiens

Voyage au bout de l'Enfer

Cette large peinture des Damnés en Enfer de Luca Signorelli cache des détails secrets.

En effet, la pécheresse au centre de la peinture – et portée comme une brebis volée par un démon – est identifiée comme une liaison privée du peintre qui lui aurait été infidèle. Taquin, Signorelli va aussi innover dans ses fresques. Il faut dire qu’il n’est pas à son premier coup d’essai, en atteste également le démon bleu avec une seule corne, autoportrait de l’artiste qui agrippe à la même plantureuse femme.

C'est au sein de la Cathédrale d'Orvieto, dans la chapelle San Brizio, que le cycle de fresques "Histoires des Derniers Jours" se dévoile à nous. Débutées par Fra Angelico et Gozzoli entre 1447 et 1449, les peintures seront complétées 50 ans plus tard par Luca Signorelli.

Tout un beau monde se presse au côté de l’Antéchrist et du Diable dans l’atteinte angoissée de l’an mille (qui, rappelons-le, est une invention postérieure).

Au balcon : Vasari, César Borgia, Pinturicchio, Savonarole, etc. Fra Angelio et Signorelli sont aussi présents.

La fresque de La Résurrection de la chair montre des poitrines saillantes revigorées et régénérées. Signorelli étonne dans sa représentation : au lieu de sortir des tombes, les heureux élus évoluent sur un sol blanc. Ils reviennent ainsi à leur plénitude de trentenaire

Plus étonnant encore, on peut apercevoir un squelette recouvert de peau mais sans les muscles. Le cycle de la transformation incomplète se matérialise sous nos yeux.

En arrière-plan, on improvise une danse pour fêter l’événement. Les Bienheureux au Paradis, eux se nichent dans une béatitude heureuse.

Les dessins de la cellule

La cellule de Michel-Ange

Cette chambre secrète contient les dessins préparatoires de Michel-Ange.

Caché sous la chapelle

Dans cette cave, sous les chapelles des Médicis, à Florence, Michel-Ange s’y était caché pendant près de 6 semaines. Sa tête avait été mise à prix en 1530 par la famille de Médicis…

Michel-Ange avait, en fait, participé à une révolte qui, en 1529, avait évincé pendant un court laps de temps la puissante famille de Médicis.

Lorsque ces derniers ont repris le contrôle de la ville l’année suivante avec l’aide du pape Clément VII (un Médicis, lui aussi), l’artiste florentin a dû se cacher, avant d’obtenir le pardon du pape.

Pendant cette période d’incertitude, Michel-Ange avait recouvert les murs de cette chambre – qui ressemble à une cellule de condamné – avec des dessins exécutés au fusain et à la craie.

Découverte seulement en 1975, les dessins étaient alors recouverts par la saleté et diverses couches de peinture.

« La Renaissance ne se présente pas comme un progrès continu. La beauté y a constamment côtoyé la cruauté, et l’ombre la lumière. » Jean Delumeau, historien français.


Un peintre revanchard

L’épée et le pinceau

Certains mystères se dérobent à notre regard, bien souvent occultés derrière la poussière et les haillons de l’implacable érosion du temps. A fortiori, il n’y avait pas plus à découvrir dans une petite église de Naples, et pourtant, un tableau était littéralement dissimulé sous une autre toile, et ce depuis des centaines d’années.

Cette œuvre a été découvert dans l’église San Giorgio Maggiore. Cachée pour des raisons encore obscures, l’œuvre représente saint Georges et le dragon, un thème qui n’est pas spécialement licencieux ou interdit. A l’inverse, le mystérieux peintre, Aniello Falcone, est une personnalité tourmentée qui mérite davantage d’attention.

Our Company

Fondateur de la « Compagnia della Morte », Aniello Falcone (1607 - 1656) a accueilli de nombreux artistes dans son atelier. Bien loin d'être bucolique, Naples était alors sous domination hispanique.

Connu pour ses représentations de scènes de bataille, Falcone aurait, dit-on, chercher à se venger de la mort d’un ami ou d’un neveu, selon les sources. Dès lors, son plan était de se débarrasser des Espagnols.

Trois peintres se distinguent à ses côtés : Micco Spadaro, Salvatore Rosa (cf. image) et Mattia Preti, l’un des plus illustres représentants de l’art pictural napolitain. Irascible, ce dernier a tué un critique d’art qui avait eu l’audace de ne pas apprécier ses œuvres.

Époque tourmentée, le royaume de Naples a souffert de la guerre, des famines, de la peste, des tremblements de terre et même d’une éruption volcanique. Incapable d’endiguer la colère, le vice-roi espagnol est débordé.

Ces conditions apocalyptiques ont amené à un soulèvement populaire en juillet 1647. Mené par un pêcheur devenu révolutionnaire – et soutenu par Falcone -, Tomaso Aniello d’Amalfi, dit Masaniello, prend le pouvoir.

Devenu maître absolu de Naples, il devient rapidement un tyran de bas étage et, en conséquence, les massacres s’accumulent dans les rues de Naples. Abandonné, Masaniello sera assassiné.

Lorsque Naples, après seulement deux ans de révolution, est revenu sous le règne des Espagnols, la « Compagnia della Morte » est dissoute, et Aniello Falcone s’éclipse du tumulte.

Case Studies

Traqué et oublié

Quant à la peinture cachée, elle se trouvait derrière un tableau du même thème d’Alessio D’Elia. Dans l’église San Giorgio Maggiore se trouvait un ancien édifice paléochrétien, dissimulé derrière plusieurs rénovations.

Aujourd’hui, des doutes subsistent toujours sur l’implication réelle d’Aniello Falcone. Toutes les informations de cet article proviennent de l’historien Benedetto Croce et des sources écrites de Bernardo De Dominici.

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